Sur « PETIT ENFANT N’EST PAS GRAIN DE ROCHE »

EXPLICATIONS et AIDE À LA TRADUCTION (les numéros renvoient aux pages)
lundi 23 janvier 2012
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« PETIT ENFANT N’EST PAS GRAIN DE ROCHE » :

– "Grain de roche" : petit morceau de roche. La métaphore est basée sur un proverbe créole : un enfant n’est pas un grain de roche, un petit morceau de roche, puisque c’est un être vivant qui va grandir et devenir un être fort, alors que le minéral (la roche) ne changera pas. L’idée est que le petit garçon maltraité et prostré est quand même devenu un homme grand et fort, qu’il s’est redressé. L’idée est aussi qu’un enfant n’est pas un minéral, donc qu’il est sensible, capable de souffrir, de se souvenir…

– 196 : « la jupe rabattue au sillon » : c’est une image réelle, la description d’une marchande de poisson assise à croupetons au bout de la Levée (ancien nom du boulevard) : comme elle est accroupie (c’est-à-dire les genoux pliés et largement écartés sans poser les fesses par terre), ses cuisses sont écartées, et comme elle a chaud, elle a remonté sa jupe jusqu’à son sexe, mais par pudeur elle cache sa vulve, son pubis, en mettant le tissu de sa jupe dans le creux, la fente, le sillon creusé par son entrejambes, donc elle a “la jupe rabattue au sillon”. J’aurais dû écrire, pour plus de clarté, “la jupe rabattue au creux du sillon ouvert par son entrejambes”.

– 197 « originellement latino (ou je devrais-je dire latina ?) » : jeu de mots qui vient de ce que, en français, on dit « un latino », « des latinos », et même « une latino », sans accorder au féminin pour faire « une latina ». Donc je m’amuse à corriger, en latiniste militante, l’erreur du vulgum pecus. Le jeu de mots porte sur « trancher » : d’abord, dans « Je ne trancherai pas », « trancher » a le sens figuré d’opter pour une réponse à la question posée plus haut, « la fable des fameux cals nègres : « Ont-ils un coco colossal, oui ou non, sacrée pistache ? » (« cal » et « coco » signifiant « pénis » en créole). Ensuite, « trancher » est à prendre au sens propre, ce « couper », puisqu’il y a cette « latina » qui est passée à l’acte et a réellement coupé le sexe de son mari. (Qui dit « latino » dit macho, or ici, on a une « macha » !)

– 197 « célibattante » : néologisme inventé, formé de "célibataire" et "battante", femme qui se bat, qui ne se laisse pas faire. Au total, ça donne une "célibattante", c’est-à-dire une femme qui se débrouille même si elle est toute seule (célibataire), considérant qu’il vaut mieux être seule que mal mariée, mal accompagnée, maltraitée, battue etc. Il y a de surcroît un jeu de mots sous-jacent entre "célibattante" et "femme battue" (femme mariée battue/célibataire battante). On dit « un(e) battant(e) » pour désigner une personne volontaire, qui se bat pour y arriver, pour exister.

– 198 : il manque la parenthèse qui ferme ; elle devrait être placée à la fin de la phrase, après " coeur " , pour obtenir ceci :
de bon coeur).

– 198 "Woulo ba" : "Woulo ", c’est "bravo", et "ba" signifie « pour ». (Par exemple, woulo ba le traducteur : bravo pour le traducteur !)

– 200 « Mais lui, l’apollon d’ébène, ce n’était… » : ici, il y a une anacoluthe. Le sens (et la construction plus grammaticalement logique) est : « Mais de lui, l’apollon d’ébène, ce n’était pas seulement le visage, c’étaient les bras d’enfant martyr, les bras et le regard meurtris que jamais elle n’oublierait. » Mais cela aurait été à la fois plat et lourd. D’où la figure de style.

– 201 « Sauter »  : « Je vous ai fait sauter ? » = « Je vous ai fait sursauter, tressaillir » ; en français créolisé, on emploie « sauter » pour « sursauter ».