"Elle a le droit" ("Sentir le vent dans sa chevelure") Extrait de SCRIPTA MANENT, lecture par Suzanne Dracius

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Elle a le droit d’aller à l’école,
De n’être pas mise au ban des bancs de l’école par les talibans,
Elle a le droit d’être une petite fille,
Elle vient juste d’avoir treize ans.
Elle est encore une petite fille,
Qu’on ne lui parle pas de choses sexuelles
Et encore moins de consentement ni d’archaïques épousailles avec un barbon imposé.
Tout est contrainte, sous le coup de l’autorité,
Tout est alors viol aggravé.
Elle a totalement le droit, fillette,
De ne pas subir un mariage forcé
Sous la loi d’un seigneur et maître – saigneur et maître.
Elle a le droit d’être géniale à quinze ans
à l’instar de Gitanjali Rao, « jeune fille de couleur », qui plus est,
selon sa propre expression, sacrée « Enfant de l’année »
par le magazine Time pour avoir inventé de quoi mesurer le plomb dans l’eau potable
et lutter contre le cyberharcèlement.
Elle a le droit d’être lesbienne et élue maire à Bogota
ou conseillère du président des USA
à l’instar de Karine Jean-Pierre, d’origine haïtienne, née en Martinique.
Elle a le droit d’être métisse afro-américaine et indo-américaine et la première femme à accéder à la vice-présidence des États-Unis
à l’instar de Kamala Harris.
Elle a le droit d’être autrice et pas seulement actrice,
De ne pas avoir les doigts tranchés
Par son mari, seigneur et maître, saigneur et maître,
Pour l’empêcher de continuer à étudier.
Elle a le droit de ne pas se faire couper le nez.
Elle a le droit d’aller à la piscine
Comme ses camarades de classe.
Elle a le droit de tout dire, ne pas avoir honte de parler,
La honte elle est sur son bourreau, pas sur elle !
Quoi qu’il ait à lui reprocher, ce n’est pas elle la bourrelle.
Elle s’est tue, il la tue.
Elle a le droit de ne pas mourir empoisonnée par son ex
Avec un gâteau fiel et miel façon « Restons bons amis »
– Timeo Danaos et dona ferentes –,
À l’instar d’America, alors qu’elle venait d’être titularisée à l’Université de Lima.
Elle a le droit de faire du vélo en Iran et partout dans le monde
Sans obéir à aucune fatwa immonde
Et même de faire du vélocross à Kaboul avec les garçons
Dans une saine mixité,
Et même de fabriquer des bicyclettes en bambou au cœur de l’Afrique.
Elle a le droit de changer d’air à sa guise,
Et même de changer l’air en eau potable au Kenya.
« Eïa pour ceux qui n’ont jamais rien inventé », dixit Césaire…
Woulo, bravo, brava,
Haut les cœurs, sursum corda !
Éïa pour celles qui savent inventer et se réinventer !
Elle a le droit d’obtenir une bourse même si elle n’est plus vierge,
En Afrique du Sud et partout, dans le monde entier.
Elle a le droit de jouir de son clitoris
Sans que ce soit pris pour du vice.
Elle a le droit de ne pas être excisée, infibulée, mutilée :
Nul n’a le droit de lui gâcher le plaisir d’être une femme,
Nul n’a le droit de lui confisquer son plaisir.
Elle a le droit de ne pas avoir le visage tailladé au rasoir
Par un mari de contrainte qui fut naguère son violeur.
Elle a le droit de ne pas être défigurée à l’acide
Soi-disant pour laver l’honneur de sa famille
Ou sous le fallacieux prétexte qu’elle était « mal voilée »,
Ou qu’elle portait atteinte à la virilité
De son seigneur et maître – saigneur et maître –,
Parce qu’elle voulait divorcer pour ne plus être rossée ni enfermée,
Ou sous prétexte qu’elle aurait perdu sa virginité,
– Cette chose totalement inventée.
Elles ont le droit, jeunes religieuses, de rompre leur vœu d’obéissance
En refusant de faire des fellations à de vieux prêtres puants
À l’hygiène corporelle « problématique » qui leur éjaculent dans la bouche
Pour qu’elles ne tombent pas enceintes ou sinon, les font avorter,
Comme elles le confessent sur Arte,
Quoique l’avortement soit interdit par l’Église
Et quoi que le Pape en dise.
Elle a le droit de ne pas être contrainte à se faire couper les cheveux
Tout court, pour qu’il ne puisse plus tirer dessus…
Elle a le droit de ne pas avoir la gorge tranchée sous les yeux
De ses enfants par un homme dont elle ne veut plus,
Contrainte ensuite de donner au bourreau des nouvelles
D’une progéniture éperdue.
Elle a le droit de n’être ni voilée ni violée – cruelle anagramme, provocante ou pas –
Ni forcée d’épouser son violeur
Au nom d’un soi-disant « honneur »,
Ni fouettée ni pendue.
Elle a le droit de ne pas être vendue
Moins cher qu’un dromadaire.
Elle a le droit de ne pas être battue,
De ne pas être exposée dans une cage ;
Nul n’a le droit d’examiner sa denture,
De tâter de ses seins la courbure,
De son arrière-train la cambrure…
Aucun quidam n’a le droit de lui mettre la main aux fesses,
Appelons ça par son nom.
Eux, ils font leur métier de garçons,
Elles, elles ont le droit de dire non.
Draguer, oui, toucher, non.
On dirait qu’ils ont sucé ça au sein de leur mère,
L’art de cette guerre, l’art de cette drague, l’art de cette chasse à la femme avec sifflements, piètres appeaux, et chants de guerre à l’unisson.
Le monde n’est pas leur champ de bataille.
La Terre n’est pas leur terrain de jeux, leur doudou n’est pas leur joujou.
Elle a le droit de ne pas être déshumanisée,
De ne pas être brûlée vive parce qu’elle refuse son corps
Ou parce que son mari musulman, – en Italie, – la trouve trop occidentalisée,
Ni soumise, ni convertie de force ni réduite en esclavage.
Elle a le droit de ne pas être enlevée
Ni droguée ni obligée à guerroyer
En des guerres qui ne sont pas les siennes,
Enfant-soldat à son petit corps défendant.
Elle a le droit de disposer de son corps,
Son ventre n’appartient à personne.
Elle a le droit de ne pas mourir, comme en Pologne,
À l’instar d’Izabela, victime de la loi anti-IVG,
Décédée à 30 ans d’un choc septique à sa 22e semaine de grossesse,
Parce que les médecins, bien que sachant l’enfant condamné, souffrant de malformations,
Et la vie de la patiente menacée, ont refusé de pratiquer un avortement immédiat,
Préférant attendre que cesse de battre le cœur du fœtus.
La jeune femme n’a pas survécu.
Elle a le droit de ne pas tomber entre les mains de faiseuses d’anges.
(Si l’avortement est un crime,
Alors la fellation c’est du quasi cannibalisme !)
Elle a le droit d’ouvrir un compte en banque, toute seule comme une grande,
Le droit de travailler sans l’autorisation de son seigneur et maître – saigneur et maître.
Elle a « le droit de monter sur l’échafaud,
Elle doit avoir également celui de monter à la tribune »,
Dixit en son temps Olympe de Gouges.
Elle a le droit de voter, de se battre pour que ça bouge.
Elle a le droit de ne pas être lapidée,
La tête dépassant d’un trou.
Elle a le droit de ne pas se faire raser la tête
Parce qu’elle a refusé de danser
Pour son saigneur et maître devant ses amis,
Comme Asma au Pakistan.
Elle a le droit de danser si ça lui chante,
D’en braver l’interdiction,
De faire la nique aux patriarcales contradictions.
Elle a le droit de ne pas être enchaînée,
De ne pas être sous-payée et discriminée,
Même dans le cinéma américain, ce beau monde de paillettes,
Dixit aux Oscars Patricia Arquette.
Eh oui, « Non est une phrase complète »,
Même si on le crie tout bas,
Dixit haut et fort Jane Fonda.
Elle a le droit de monter les marches sans talons hauts
Au Festival de Cannes, ou même pieds nus à l’instar de la star Julia Roberts…
Aux USA, on a Meryl Streep et Oprah Winfrey balançant les « porcs » à la Weinstein,
En France on a peine à s’embarquer dans le dernier métro de l’ex-Belle de jour
Pas « traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un délit » ;
On a peine à avaliser la soi-disant « jouissance du viol » de l’ex-pornostar…
Obligée de rappeler aux obscurantistes de tout poil
Qu’elle a le droit de ne tolérer
Ni la main aux fesses et au sexe dans les « fanzones » de football
Ni la langue dans la bouche de force des champions du monde
De machisme lors du match triomphal…
Afin que nul ne se méprenne et que nulle ne se fourvoie :
Elle a le droit de ne pas être prostituée, de ne pas être dérespectée,
De ne pas avoir la face voilée,
De ne pas être bâchée, métamorphosée en zombie.
Elle a le droit de se mettre en short à Ankara ou ailleurs
Sans être agressée à coups de pied.
Elle a le droit de porter une jupe, de se promener en jupe courte
Au-dessus du genou,
En fanm doubout, en femme debout,
À l’instar de ces femmes
Photographiées in memoriam
À l’Université du Caire ou tête nue dans les rues de Kaboul en 1970,
Tête pleine mais bien faite et nu-tête,
Au temps où Afghanistan
Ne rimait pas avec taliban,
Trois femmes debout, cheveux au vent,
Trois Grâces modernes, trois belles dames,
Trois belles d’âme ad vitam aeternam.
Mais voilà que la burqa – voile intégral, oppression intégrale, invisibilité intégrale – est à nouveau décrétée obligatoire, en Afghanistan !

Elle a le droit de ne pas être tatouée de toiles d’araignée au visage
À l’instar des femmes du Myanmar.
Les seins à l’air ou pas, clamer haut et fort « à bas l’abaya ».
Elle a le droit de découvrir son corps,
Elle a le droit de ne pas être déguisée en Belphégor
Qui fait peur aux petits enfants,
De ne pas être « femme de réconfort » comme antan,
Telles ces esclaves sexuelles asiatiques, naguère,
Au Japon, pendant la guerre…
Elle a le droit de paraphraser Aristophane et jouer les Lysistrata
en proclamant haut et fort, en tambourinant à tue-tête :
« Quand la guerre sera l’affaire des femmes, elle s’appellera la paix ».
Elle a le droit de chanter des chansons d’amour,
D’amour, toujours,
Sans se faire casser la figure
À coups de fer à repasser
Sous les yeux complices d’un comparse
Qui filme, goguenard.
Elle a le droit de vivre une chanson d’amour,
D’amour toujours,
Avec la personne de son choix
Sans discrimination de religion, d’âge ou de sexe.
Elle a le droit de ne plus avoir les pieds bandés à l’instar des Chinoises naguère.
On perpétue une tradition si elle est bonne ; sinon, c’est un crime qu’on perpètre.
Elle a le droit, à peine pubère,
De n’être pas déflorée par une « hyène »
– Alias violeur professionnel – au Malawi
Sous couvert d’initiation sexuelle ou autre « kusasa fumbi »
Pour « apprendre les choses de la vie »…
Elle a le droit de ne pas se baigner en burkini.
Elle a le droit de lézarder au soleil en bikini
Et même en monokini si jamais elle en a envie.
Elle a le droit de savourer la caresse de l’eau de mer sur son corps.
Elle a le droit de sentir le soleil sur sa peau, sa peau nue et libre, bien à elle,
Voire les seins à l’air, si elle veut, car elle n’appartient à personne.
Son corps n’appartient qu’à elle.
Non, le burkini n’est pas un inoffensif costume de bain,
C’est un redoutable cheval de Troie.
Non, homme, elle ne t’appartient pas, elle n’est pas ta propriété,
L’esclavage est aboli,
Le patriarcat aussi,
La polygamie devrait l’être aussi, tous azimuts.
Non, ses règles ne sont pas impures,
Non, elles ne sont pas l’expiation du péché originel.
Le péché, il ne vient pas d’elle,
Il surgit des a priori et des archaïques terreurs,
Des phallocrates inepties et des misogynes erreurs.
Non, ce ne sont pas les menstrues qui contaminent le monde,
C’est le monde qui est contaminé par l’immonde,
L’ancestrale idiotie.
Elle a le droit de quitter son homme et de reconstruire sa vie
Sans lui
Sans se faire percuter en 4x4, renverser, catapulter,
Puis égorger d’un coup de couteau
Sur un parking de supermarché à Sainte-Marie de la Réunion
Sous les yeux de son petit garçon,
Ou être rouée de coups puis jetée par la fenêtre
Par son seigneur et maître – saigneur et maître –,
« Parce qu’elle l’énervait »
Puis balancée dans une poubelle, à Paris, en plein Montparnasse ;
Oui, c’est comme ça que cela se passe,
En douce France, terre de souffrance
– Et de sous-France –
Pour certaines malheureuses aussi.
Il n’y a pas de « drames conjugaux » ni de « drames de la jalousie »,
Il n’y a que des féminicides, drames de la patriarcale barbarie.
Il n’y a pas si longtemps, les prétendus « drame de la jalousie » ou « drame conjugal » étaient circonstances atténuantes dans le Code Napoléon. Désormais elles doivent être tenues pour aggravantes, n’en déplaise au grand Napoléon Bonaparte qui, deux ans après avoir rétabli l’esclavage des Noirs, restaura l’esclavage des femmes : normalement tu devrais être en sécurité chez toi, or là, ton tueur est à la maison, tu as ton bourreau à domicile. Même si c’est ton ex, il profite de cette intimité, de cette proximité qu’il a eue avec toi, de cette connaissance qu’il a de tes habitudes... Tu es sa victime captive, tu es sa proie désignée. Il faut inverser les données.
Certes, quelques pas furent franchis, mais Dieu que la route est longue,
À pied, à cheval ou en voiture !
Elle a le droit de conduire
Et de se conduire à sa guise
Ad libitum.
Elle a le droit de piloter un avion
Et de s’envoyer en l’air
Comme bon lui semble,
Libre de monter au septième ciel.
Elle a le droit d’allaiter en public
N’en déplaise aux tartuffes de tout poil
Qui, hypocritement, s’écrient « Cachez ce sein que je ne saurais voir ! »
Et même de ne pas être mère
Si ça lui chante.
Elle a le droit d’avoir un téléphone portable si les garçons y ont droit,
Et non, comme en Inde, dans l’État du Gujurat,
Dans le village de Suraj, où la rage sexiste l’interdit
Seulement aux filles.
Elle a le droit, tous azimuts, jusqu’au fin fond de la douce France
Où sévissent phallocratie et machisme rances,
D’être aussi bien traitée que les hommes,
Besoin que nulle loi ne la gomme,
Besoin que nul ne la somme
De s’effacer derrière l’homme.
Elle a droit à des traitements post-cancer pour retrouver une vie sexuelle jouissive
Sans aucune inégalité.
Pourquoi les traitements contre l’impuissance prescrits aux hommes
Après une opération d’un cancer de la prostate sont-ils remboursés
Alors qu’ils ne le sont pas pour les femmes qui ont eu un cancer ?
Au nom de quoi deux dispositifs ? Remboursé pour les hommes, rien pour les femmes ?
T’es homme, t’as tout, le plus, le mieux ; t’es femme, t’as rien.
Et pourtant elle tourne…
Elle a le droit de sentir le vent dans ses cheveux
Si elle le veut
À l’instar de la postmoderne Shéhérazade
D’un contemporain conte de mille et une nuits qui finit bien, cheveux au vent,
Foulard brandi au bout d’un bâton, à Téhéran,
Emprisonnée, torturée, mais libérée.
« Debout les cheveux dans le vent », en fanm doubout, femme debout,
Elle a le droit d’aller cheveux au vent si elle veut.
On n’a jamais obligé personne à porter une minijupe
– Sauf peut-être lesdites « putes » –,
Le voile, si.
Elle a le droit de se dresser sans se faire dresser comme une bête,
Elle a le droit d’être à la tête et d’être en tête
Et d’être cheffe, sans couvre-chef, en cheveux,
Car « chef » vient du latin caput, capitis,
Substantif du genre neutre qui n’est pas l’apanage des hommes.
Elle a le droit de proclamer
Qu’ils ont monopolisé, en comportement inhumain,
Ce nom, « hommes », du latin homo, hominis, propriété de tous les êtres humains…
Elle a le droit de ne pas être infrahumaine, elle a le droit d’être humaine.
Elle a le droit d’être la maire d’une capitale comme Paris,
D’une grande ville comme San Francisco…
Elle est une toute petite fille.
Elle est une femme de demain.
Sinon le monde sera sans lendemains
Qui vaillent la peine,
L’humanité sera sans humains
Qui se respectent,
La Terre ne sera pas peuplée
D’hommes dignes de ce nom.
Non, ce n’est pas du féminisme à l’ancienne,
C’est une postmoderne antienne
Des sévices divers subis par la gent féminine
Per saecula saeculorum.
Tradition ou pas, religion ou non,
Face aux antiféministes, face aux soi-disant féministes
Qui prêchent la servitude volontaire et la soumission,
Prônant la résignation à être confondues avec des paillassons
Ou des sacs poubelles,
Belle et rebelle,
Faisant fi de ce soi-disant féminisme fourvoyé,
De ces pseudo-libertés fondamentales dévoyées,
Qu’elle entre en féminitude comme on entre en résistance,
Forte des victoires comme celle de Marie Laguerre dans la guerre
Contre le harcèlement !
Elle a le droit de refuser son corps, elle a le droit de dire non,
Elle a même le droit de refuser de répondre.
Elle a le droit de se balader en minijupe à ras le bonbon,
En collant ou caleçon moulant alias legging ou peu importe son nom,
Qu’elle ait un bonda d’anorexique ou bonda maté rebondi,
Quelle que soit son anatomie,
Elle a le droit d’être sexy,
Quel que soit son genre,
Qu’elle soit née femme ou transgenre.
Elle a le droit de sortir seule le soir sans se faire agresser.
Elle a même le droit de tromper son homme sans se faire tabasser,
Le droit de faire des photos nue si ça lui chante.
Une femme n’est jamais responsable des violences qu’elle subit.
Longuet, des siècles et des siècles, de par le vaste monde,
Et jusqu’à aujourd’hui, « l’infini servage de la femme », dixit Rimbaud.
Ça vaut bien quelques minutes d’une logorrhée
En fervente solidarité,
Avec l’alchimie du verbe, prolixe exprès,
Qui a le pouvoir de changer le politique en poétique,
Et de métamorphoser ces atrocités
D’ailleurs et d’ici,
« Elle sera poète, elle aussi »,
Créant du lapidaire beau à partir du sempiternel laid,
En oxymores de « belles horreurs », comme dirait Zola,
Compendium de légende des siècles d’oppression,
Car les femmes commencent à trouver le temps long.
Trouve-t-on longue la Légende des siècles ?
S’amorce la Légende des siècles de féminitude éperdue qui ne fait que s’esquisser.
Quant aux hommes bien, n’en ont-ils pas assez
Que virilité et barbarie soient assimilées, depuis des siècles associées ?
Au nez et à la barbe barbare des obsédés et obscurantistes de tout poil,
Pas un lamento, un credo des Droits des Femmes,
Un irréfragable mémento pérenne, incantatoire, propitiatoire.
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant », dixit, prémonitoire, hélas, Simone de Beauvoir.
Il ferait beau voir !
Beauvoir l’a craint, ils l’ont fait :
Suprême trUmperie, une escouade de juges de la Cour suprême, très conservateurs et ultra-réactionnaires a foulé aux pieds le droit à l’avortement obtenu constitutionnellement depuis près d’un demi-siècle, en plein 2022, en pleine Amérique, le pays le plus ultramoderne du monde, en vertu, ou plutôt en vice, de l’archaïque paradoxe de la droite soi-disant républicaine !
La régression n’est jamais loin.
« On ne naît pas femme, on le devient » ?
On ne naît pas femme, on en meurt, si l’on n’y prend garde.
Dans nos ferventes condoléances il ne s’agit pas de larmoyer mais de donner de la voix, voire d’élever la voix, celle des sans voix, au féminin pluriel.

Pointe-des-Nègres, quartier de Fort-de-France, lieu de débarquement des personnes esclavées déportées d’Afrique pendant la traite négrière, à la limite de la ville de Schœlcher – haute figure de l’abolition de l’esclavage –, ô armada de symboles, août 2001 -
Port-Royal, Paris – haut lieu du jansénisme, hautement féminin, naguère martyrisé, ostracisé,
expulsé pour avoir refusé de se rétracter –, mai 2022.
Mais « il n’y a pas de coïncidences, que des correspondances » **, baudelairiennes à outrance, en assonances, résonances, résilience et résistance.

"Le nouveau livre de la flamboyante écrivaine martiniquaise Suzanne Dracius vient de sortir. Intitulé ‘Scripta manent’ (« Les écrits restent », en latin), l’ouvrage est une ode énergétique à la vie et à l’espoir dans un monde martyrisé. « Scripta manent », « Les écrits restent ». Et ceux de Suzanne Dracius vont droit au cœur et à l’âme. " (Philippe Triay - La 1ère Francetvinfo.fr)

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 Vidéo de Mika Michaëlla Dangeros au Ministère des Outre-mer - 14 octobre 2021

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