Bonne Journée de la Femme, soit ! Mais que ce soit tous les jours

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Martiniquaises et cetera, Femmes de tous pays, même combat ! Bonne fête à toutes les Femmes du Monde, y compris à celles du demi-monde, du quart-monde et du tiers-monde, à celles à qui on fait leur fête ! Bonne Journée de la Femme, soit ! Mais que ce soit tous les jours, car…
Elle a le droit d’aller
à l’école,
elle a le droit d’obtenir une bourse même si elle n’est plus vierge,
en Afrique du Sud et partout, dans le monde entier,
de ne pas subir un mariage
forcé
sous la loi d’un seigneur et maître
– saigneur et maître –,
de ne pas être excisée,
de ne pas être infibulée,
de ne pas être mutilée,
de ne pas avoir le visage tailladé au rasoir
par un mari de contrainte qui fut naguère son violeur,
de ne pas être défigurée à l’acide
soi-disant pour laver l’honneur de sa famille
ou sous le fallacieux prétexte qu’elle était « mal voilée »,
ou qu’elle portait atteinte à la virilité
de son seigneur et maître saigneur et maître
parce qu’elle voulait divorcer pour ne plus être rossée ni enfermée,
de ne pas avoir la gorge tranchée sous les yeux
de ses enfants par un homme dont elle ne veut plus,
contrainte ensuite de donner au bourreau des nouvelles
d’une progéniture éperdue,
de ne pas être violée ni pendue,
de ne pas être vendue
moins cher qu’un dromadaire,
de ne pas être battue,
de ne pas être exposée dans une cage,
nul n’a le droit d’examiner sa denture,
de tâter la fermeté et la courbure
de ses seins et de son arrière-train,
aucun quidam n’a le droit de lui mettre la main aux fesses,
elle a le droit de ne pas être déshumanisée,
de ne pas être brûlée vive parce qu’elle refuse son corps,
ni soumise, ni convertie de force
ni réduite en esclavage,
de ne pas être enlevée
ni droguée ni forcée
à guerroyer
en des guerres qui ne sont pas les siennes,
enfant-soldat à son petit corps défendant,
elle a le droit de disposer de son corps,
son ventre n’appartient à personne,
elle a le droit de ne pas tomber
entre les mains de faiseuses d’anges,
elle a le droit d’ouvrir un compte en banque,
toute seule comme une grande,
elle a le droit de travailler sans
l’autorisation de son seigneur et maître
– saigneur et maître –,
elle a « le droit de monter sur l’échafaud,
elle doit avoir également celui de monter à la tribune »,
dixit en son temps Olympe de Gouges,
elle a le droit de voter,
de se battre pour que ça bouge,
elle a le droit
de ne pas être lapidée,
la tête dépassant d’un trou,
de ne pas être enchaînée,
de ne pas être sous-payée et discriminée,
même dans le cinéma américain, ce beau monde de paillettes,
dixit aux Oscars Patricia Arquette,
de ne pas être prostituée,
de ne pas être dérespectée,
de ne pas avoir la face
voilée,
de ne pas être bâchée, métamorphosée en zombie,
de porter une jupe, de se promener en jupe courte
au-dessus du genou,
an fanm doubout, en femme debout,
à l’instar de ces femmes
photographiées in memoriam
à l’Université du Caire ou
tête nue dans les rues de Kaboul en 1970,
tête pleine mais bien faite et nu-tête,
au temps où Afghanistan
ne rimait pas avec taliban,
trois femmes debout, cheveux au vent,
trois Grâces modernes
ad vitam aeternam,
elle a le droit
de ne pas être tatouée
de toiles d’araignée au visage
à l’instar des femmes du Myanmar,
de ne pas être « femme de réconfort »
comme ces esclaves sexuelles asiatiques, naguère,
au Japon, pendant la guerre,
de chanter des chansons d’amour
sans se faire casser la figure
à coups de pied,
de ne plus avoir les pieds bandés
à l’instar des Chinoises naguère.
Elle a le droit de quitter son homme et de reconstruire sa vie
sans lui
sans se faire percuter en 4x4, renverser,
puis égorger d’un coup de couteau
sur un parking de supermarché
à Sainte-Marie de la Réunion sous les yeux de son enfant.
Elle a le droit de conduire
et de se conduire à sa guise
ad libitum,
de vivre une chanson d’amour,
d’amour toujours,
avec la personne de son choix
sans discrimination de
religion ou de sexe,
de sentir le vent dans sa chevelure
si elle le veut…
Elle a le droit d’aller cheveux au vent si elle veut.
Elle est une toute petite
fille.
Elle est une femme de demain.
Sinon le monde sera sans lendemains
qui vaillent la peine,
l’humanité sera sans humains
qui se respectent,
la terre ne sera pas peuplée
d’hommes dignes de ce nom.
Suzanne Dracius, DÉICTIQUE FÉMINITUDE INSULAIRE
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