Prosopopées urbaines

samedi 29 avril 2006
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NOUVEAUTES. Anthologie poétique d’inédits

Prosopopées urbaines
et... contemporaines
Suzanne Dracius (à dr.), coordinatrice de « Prosopopées », en séance de dédicaces
• Pour son dernier recueil de poèmes et bouquet de poètes, après le fabuleux « Hurricane », les Editions Desnel ont uni l’île Maurice, la Corse, la Tunisie, les Antilles, le Sénégal, Haïti...
Au cœur de l’ouvrage ? Des plumes trempées dans des quêtes d’identité ou de libertés, des soifs inachevées et des enracinements, le tout sous des regards éclairés par le passé et qui ne s’effraient ni du présent, ni du futur... Parmi les invités de l’anthologie « Prosopopées Urbaines », citons René Depestre, Suzanne Dracius, Louis-Philippe Dalembert, Jean Métellus, Birago Diop (poèmes posthumes), Amadou L. Sall entre autres urbains. A leur manière, ils célèbrent la naissance de deux grands poètes sénégalais aujourd’hui disparus, Léopold Sédar Senghor et Birago Diop. D’ailleurs, c’est un de leurs proches, le poète dramaturge martiniquais, Aimé Césaire qui signe la préface. Succulente, cette conversation à bâtons rompus entre Césaire et Suzanne Dracius. Elle est emplie d’élégance, de sensibilité, de curiosité réciproque, d’émerveillement parfois et d’intelligence souvent, de douceur aussi. A leur manière, les poètes qui nous « parlent » ici, témoignent du monde urbain, le nôtre ou de rumeurs, de là où ils sont, de là où ils ont vécu ou séjournent.
Que peut inspirer la cité ? Comme le dit la coordinatrice de « Prosopopées », Suzanne Dracius, ce sont des pages qui ont comme cadre « l’urbanité, un espace d’opulence ou de précarité, d’harmonie ou de troubles, un fil ténu entre modernité et misère, entre luxe et luxure, souffrances et nuisances, entre exclusion et melting-pot... C’est le chant cacophonique ou mélodieux de la ville, son rire, son cri ou ses lamentations ». Lisons ou écoutons... « De nos hanches, naissent des ondes... Une nuit qui dure longtemps et des enfants deviennent parents... Lui, dans la ville, il repère les affaires sans même tourner la tête... Malgré des noms de rues écorchés... Je suis le corps mort sur l’asphalte... » Et puis, parmi tous ces vers, il y a les nouvelles d’Isabelle Dormion, celui du marcheur essentiel porté au ciel par le macadam... « Prosopopées » ? C’est beau, c’est de la poésie, ça efface la cécité, referme les cicatrices béantes. C’est beau, c’est de la poésie et tout est dit. Et puis le livre fermé, nous revoilà dans cette « ville inerte, trébuchée, essouflée sous son fardeau géométrique de croix éternellement recommençante, une ville bavarde et muette » comme l’avait peinte Césaire, dans les années 50.
Marie-Line Ampigny • Prosopopées urbaines - Editions Desnel -17,80 euros
SAMEDI 29, DIMANCHE 30 AVRIL ET LUNDI 1er MAI 2006
FRANCE ANTILLES