Ultracrépidarianisme

Écrire en mon île confinée, 47e jour de confinement, samedi 2 mai 2020
samedi 2 mai 2020
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Ultracrépidarianisme

Je me garderais bien de pécher par ultracrépidarianisme, mais il semble établi que, naturellement riche en iode, en oxygène, en ozone, en brome, en sodium et dépourvu d’allergènes, l’air marin se caractérise par une absence quasi-totale de poussières, de germes pathogènes et d’allergènes, et qu’il stimule toutes les fonctions de l’organisme et ce, sous toutes les latitudes.
Lors d’un séjour au bord de mer, le rythme cardiaque se ralentit, l’amplitude respiratoire augmente, le métabolisme de base croît et les échanges cellulaires s’intensifient. Ces bienfaits prodigués à l’organisme viennent du climat qui, en bord de mer, jouit d’une grande stabilité thermique due au rôle régulateur de cette immense réserve d’eau que constituent les mers et, a fortiori, les océans, la chaleur accumulée le jour étant rejetée la nuit dans l’atmosphère. Vents et courants marins participent également à cette régulation thermique permanente.
L’humidité est toujours très élevée en raison de cette eau des mers et des océans qui s’évapore en permanence. Si le degré hygrométrique reste à peu près uniforme et stable, l’évaporation qui charge l’air du littoral de molécules d’eau varie avec la température.
Chargées en iode, ces gouttelettes microscopiques que l’on appelle « embruns » sont de véritables aérosols marins aux effets régulateurs sur la glande thyroïde. Quant à l’ozone (nom masculin, du grec odzein, « exhaler une odeur ») qu’ils contiennent, il contribue à augmenter la pureté de l’air du littoral. (Ce maudit covid-19 n’est-il pas propagé par postillons et exhalaisons ?…)
Au niveau de la mer, la pression barométrique est stable et élevée. Il en résulte une véritable condensation de l’air et une forte charge en oxygène aux effets bénéfiques sur l’organisme.
Cette pression agit à la fois au niveau cardiaque (rythme ralenti) et au niveau pulmonaire, en augmentant l’amplitude respiratoire. (Ce satané coronavirus n’entraîne-t-il pas une détresse respiratoire ?…)
L’air respiré en bord de mer est enrichi de petites particules de sel contenues dans des gouttelettes qui s’évaporent rapidement dans l’atmosphère. Lorsqu’un vent fort souffle de la mer, les embruns sont projetés à l’intérieur des terres, véhiculant les substances arrachées à l’écume des vagues. C’est la raison pour laquelle le terme d’aérosols marins est fréquemment employé.
Une évidence enfin, la luminosité est plus intense au bord de mer que partout ailleurs.
Cette caractéristique du climat marin est due à la pureté de l’air qui favorise le rayonnement direct et à la réflexion de cette lumière par les vastes miroirs que représentent la mer, l’océan et le sable des plages.
Le rayonnement qui vient du soleil produit des effets bénéfiques incontestables chez l’homme, à commencer par la fabrication de la vitamine D, dont la carence provoque le rachitisme, et dont le moindre béotien n’est pas sans savoir qu’elle est réputée pour renforcer la vitalité, augmenter la force du système immunitaire, renforcer les os, les dents, les cheveux, les ongles, la peau, participer à réparer l’ADN, combattre la dépression, la fatigue chronique etc. La luminothérapie est aussi une réponse au moral en berne, à la dépression saisonnière... Son effet ne peut qu’être bénéfique en ces temps anxiogènes de confinement lié à une pandémie inédite.
Sans compter que l’on pourrait s’amuser à tabler sur le pouvoir désinfectant de l’eau de mer, si l’on pense à la Bétadine, antiseptique à base d’iode…
De là à dire que les bains de mer seraient tout indiqués pour les déconfinés déprimés au sortir de deux mois de privations, de frustrations, d’interdictions de toutes sortes…
Alors, en l’occurrence, va pour une petite pointe d’ultracrepidarianisme – ou ultracrépidarianisme si l’on tient à franciser le terme –, à savoir le comportement qui consiste à donner son avis sur des sujets sur lesquels on n’a pas spécialement de compétence crédible ou démontrée !
Son étymologie est relative à la locution latine Sutor, ne supra crepidam signifiant littéralement « Cordonnier, pas plus haut que la chaussure », équivalente, en gros, à « chacun son métier, les vaches seront bien gardées », utilisée pour avertir l’interlocuteur d’éviter de porter un jugement qui dépasse sa compétence, et dont on trouve l’origine dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien [XXXV, 851 (Loeb IX, 323–325)], où Pline écrit que son cordonnier (sutor) s’était approché du peintre Apelle pour lui signaler une erreur dans la représentation d’une sandale (crepida, du grec krepis). Le peintre corrigea aussitôt son œuvre, mais, ainsi encouragé, le cordonnier se mit à faire d’autres remarques sur d’autres points de cette peinture qu’il considérait comme erronés, ce à quoi le peintre finit par lui répondre « Ne supra crepidam sutor iudicaret » (un cordonnier ne devrait pas donner son avis au-dessus de la chaussure).
Or, d’un côté le gouvernement ne tient pas compte de l’avis de l’Académie de Médecine qui recommandait de ne pas ouvrir les écoles avant septembre, de l’autre il fait preuve d’un autoritarisme exacerbé concernant l’interdiction des plages, même dans les zones reconnues « vertes » comme la Bretagne ou les Antilles… Pourquoi ces contradictions ? Où sont les avis scientifiques portant sur la fermeture des plages, si la distanciation y est respectée ?
Face à ces contradictions, marronnons, cohérents, hors des incohérences et des aberrations !
Mille vaguelettes de remerciements aux personnes qui signent et partagent la pétition
« Pour un accès à la mer en Martinique dès le 11 mai ! » (Avec quatorzaine obligatoire pour les arrivants de l’extérieur comme cela se fait à l’arrivée en Martinique.)

Suzanne Dracius
Ibidem, c’est-à-dire au même endroit, forcément, en marronnage immobile à grands pas,
47e jour de confinement, samedi 2 mai 2020

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