Sentir le vent dans sa chevelure
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Au nez et à la barbe barbare des obsédés et obscurantistes de tout poil,
Pas un lamento,
Un petit mémento pérenne, incantatoire, propitiatoire :
Elle a le droit d’aller à l’école,
De ne pas avoir les doigts tranchés
Par son mari, seigneur et maître, saigneur et maître,
Pour l’empêcher
De continuer à étudier.
(Oui, oui, c’est vraiment arrivé !)
Elle a le droit d’aller à la piscine
Comme ses petites camarades de classe
Et même de faire du vélocross à Kaboul avec les garçons
Dans une saine mixité.
Elle a le droit d’obtenir une bourse même si elle n’est plus vierge,
En Afrique du Sud et partout, dans le monde entier,
De ne pas subir un mariage
Forcé
Sous la loi d’un seigneur et maître
– Saigneur et maître.
Elle a le droit
De jouir de son clitoris
Sans que ce soit pris pour du vice.
Elle a le droit
De ne pas être excisée,
De ne pas être infibulée,
De ne pas être mutilée :
Nul n’a le droit de lui gâcher le plaisir d’être une femme,
Nul n’a le droit de lui gâcher son plaisir.
Elle a le droit
De ne pas avoir le visage tailladé au rasoir
Par un mari de contrainte qui fut naguère son violeur,
De ne pas être défigurée à l’acide
Soi-disant pour laver l’honneur de sa famille
Ou sous le fallacieux prétexte qu’elle était « mal voilée »,
Ou qu’elle portait atteinte à la virilité
De son seigneur et maître
— Saigneur et maître —
Parce qu’elle voulait divorcer pour ne plus être rossée ni enfermée,
Ou sous prétexte qu’elle aurait perdu sa virginité,
– Cette chose totalement inventée.
Elle a le droit
De ne pas avoir la gorge tranchée sous les yeux
De ses enfants par un homme dont elle ne veut plus,
Contrainte ensuite de donner au bourreau des nouvelles
D’une progéniture éperdue.
Elle a le droit
De n’être ni voilée ni violée – provocante ou pas –
Ni forcée d’épouser son violeur
Au nom d’un soi-disant « honneur »,
Ni fouettée ni pendue.
Elle a le droit de ne pas être vendue
Moins cher qu’un dromadaire.
Elle a le droit
De ne pas être battue,
De ne pas être exposée dans une cage ;
Nul n’a le droit d’examiner sa denture,
De tâter la fermeté et la courbure
De ses seins, de son arrière-train…
Aucun quidam n’a le droit de lui mettre la main aux fesses.
Elle a le droit de ne pas être déshumanisée,
De ne pas être brûlée vive parce qu’elle refuse son corps
Ou parce que son mari musulman, – en Italie, – la trouve trop occidentalisée,
Ni soumise, ni convertie de force
Ni réduite en esclavage.
Elle a le droit de ne pas être enlevée
Ni droguée ni obligée
À guerroyer
En des guerres qui ne sont pas les siennes,
Enfant-soldat à son petit corps défendant.
Elle a le droit de disposer de son corps,
Son ventre n’appartient à personne.
Si l’avortement est un crime,
Alors la fellation c’est quasiment du cannibalisme !
Elle a le droit de ne pas tomber
Entre les mains de faiseuses d’anges,
Elle a le droit d’ouvrir un compte en banque,
Toute seule comme une grande,
Elle a le droit de travailler sans
L’autorisation de son seigneur et maître
– Saigneur et maître –,
Elle a « le droit de monter sur l’échafaud,
Elle doit avoir également celui de monter à la tribune »,
Dixit en son temps Olympe de Gouges :
Elle a le droit de voter,
De se battre pour que ça bouge.
Elle a le droit
De ne pas être lapidée,
La tête dépassant d’un trou,
De ne pas être enchaînée,
De ne pas être sous-payée et discriminée,
Même dans le cinéma américain, ce beau monde de paillettes,
Dixit aux Oscars Patricia Arquette.
Elle a le droit de monter les marches sans talons hauts
Au Festival de Cannes, ou même pieds nus à l’instar de Julia Roberts…
Aux USA, on a Meryl Streep et Oprah Winfrey balançant les « porcs » à la Weinstein,
En France on a peine à s’embarquer dans le dernier métro de l’ex-Belle de jour
Pas « traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un délit »
On a peine à avaliser la soi-disant « jouissance du viol » de l’ex-pornostar…
Obligée de rappeler aux obscurantistes de tout poil
Qu’elle a le droit de ne tolérer
Ni la main aux fesses et au sexe dans les fanzones de football
Ni la langue dans la bouche de force des champions du monde
De machisme lors du match triomphal…
Afin que nul ne se méprenne et que nulle ne se fourvoie :
Elle a le droit
De ne pas être prostituée,
De ne pas être dérespectée,
De ne pas avoir la face voilée,
De ne pas être bâchée, métamorphosée en zombie,
De se mettre en short à Ankara ou ailleurs
Sans être agressée à coups de pied
Ou de fer à repasser
(Oui, oui, ça vient d’arriver !)
Elle a le droit
De porter une jupe, de se promener en jupe courte
Au-dessus du genou,
An fanm doubout, en femme debout,
À l’instar de ces femmes
Photographiées in memoriam
À l’Université du Caire ou
Tête nue dans les rues de Kaboul en 1970,
Tête pleine mais bien faite et nu-tête,
Au temps où Afghanistan
Ne rimait pas avec taliban,
Trois femmes debout, cheveux au vent,
Trois Grâces modernes, trois belles dames,
Trois belles d’âme
Ad vitam aeternam.
Elle a le droit
De ne pas être tatouée
De toiles d’araignée au visage
À l’instar des femmes du Myanmar,
Elle a le droit de ne pas être déguisée en Belphégor
Qui fait peur aux petits enfants,
De ne pas être « femme de réconfort »
Comme ces esclaves sexuelles asiatiques, naguère,
Au Japon, pendant la guerre…
Elle a le droit
De chanter des chansons d’amour,
D’amour, toujours,
Sans se faire casser la figure
À coups de pied
(Oui, ça aussi, c’est arrivé !).
Elle a le droit
De ne plus avoir les pieds bandés
À l’instar des Chinoises naguère.
On perpétue une tradition si elle est bonne ;
Sinon, c’est un crime qu’on perpètre.
Elle a le droit, à peine pubère,
De n’être pas déflorée par une « hyène »
– Alias violeur professionnel – au Malawi
Sous couvert d’initiation sexuelle ou autre « kusasa fumbi »
Pour « apprendre les choses de la vie »…
Elle a le droit de ne pas se baigner en burkini.
Elle a le droit de lézarder au soleil en bikini
Et même en monokini si jamais elle en a envie.
Elle a le droit
De savourer la caresse de l’eau de mer sur son corps.
Elle a le droit
De sentir le soleil sur sa peau, sa peau nue et libre, bien à elle,
Voire les seins à l’air, si elle veut, car elle n’appartient à personne.
Son corps n’appartient qu’à elle.
Non, homme, elle ne t’appartient pas, elle n’est pas ta propriété,
L’esclavage est aboli,
Le patriarcat aussi.
Non, non, non, le burkini n’est pas un inoffensif costume de bain,
C’est un redoutable cheval de Troie.
Non, ses règles ne sont pas impures,
Non, elles ne sont pas l’expiation du péché originel.
Le péché, il ne vient pas d’elle,
Il surgit des a priori et des archaïques terreurs,
Et des phallocrates âneries et des misogynes erreurs.
Non, ce ne sont pas les menstrues qui contaminent le monde,
C’est le monde qui est contaminé par l’immonde,
L’ancestrale idiotie.
Elle a le droit de quitter son homme et de reconstruire sa vie
Sans lui
Sans se faire percuter en 4x4, renverser, catapulter,
Puis égorger d’un coup de couteau
Sur un parking de supermarché
À Sainte-Marie de la Réunion sous les yeux de son enfant,
Ou tabassée puis jetée dans une poubelle en plein Montparnasse
Par son saigneur et maître
« Parce qu’elle l’énervait ».
(Oui, c’est réellement arrivé
En douce France, terre de souffrance
Pour certaines malheureuses aussi.)
Certes, quelques pas furent franchis, mais Dieu que la route est longue,
À pied, à cheval ou en voiture !
Elle a le droit de conduire
Et de se conduire à sa guise
Ad libitum.
Elle a le droit de piloter un avion
Et de s’envoyer en l’air
Comme bon lui semble,
Libre de grimper au septième ciel.
Elle a le droit d’allaiter en public
– N’en déplaise aux tartuffes de tout poil
Qui braillent « Cachez ce sein que je ne saurais voir ! » –
Et même de ne pas être mère
Si ça lui chante.
Elle a le droit
De faire du vélo en Iran et partout dans le monde
Sans obéir à aucune fatwa immonde.
Elle a le droit de vivre une chanson d’amour,
D’amour toujours,
Avec la personne de son choix
Sans discrimination de religion, d’âge ou de sexe.
Elle a le droit
D’avoir un téléphone portable si les garçons y ont droit,
Et non, comme en Inde, dans l’État du Gujurat,
Dans le village de Suraj, où la rage sexiste l’interdit
Seulement aux filles.
Elle a le droit, tous azimuts, jusqu’au fin fond de la douce France
Où sévissent phallocratie et machisme rances,
D’être aussi bien traitée que les hommes,
Besoin que nulle loi ne la gomme,
Besoin que nul ne la somme
De s’effacer derrière l’homme.
Elle a droit à des traitements post-cancer
Pour retrouver une vie sexuelle normale
Sans aucune inégalité entre les deux sexes en matière de remboursement.
Pourquoi les traitements contre l’impuissance prescrits aux hommes
Après une opération d’un cancer de la prostate sont-ils remboursés
Alors qu’ils ne le sont pas pour les femmes qui ont eu un cancer ?
Au nom de quoi deux dispositifs remboursés pour les hommes, rien pour les femmes ?
Tu es homme, tu as tout, le plus, le mieux ; tu es femme, t’as rien.
Et pourtant…
Elle a le droit de sentir le vent dans sa chevelure
Si elle le veut
À l’instar de la postmoderne Shéhérazade
D’un contemporain conte de mille et une nuits qui finit bien, cheveux au vent,
« Debout les cheveux dans le vent »,
Foulard brandi au bout d’un bâton, à Téhéran,
Emprisonnée, tabassée, mais libérée.
« Debout les cheveux dans le vent », en fanm doubout, femme debout,
Elle a le droit d’aller cheveux au vent si elle veut.
On n’a jamais obligé personne à porter une minijupe
– Sauf peut-être lesdites « putes » –,
Le voile, si.
Elle a le droit de se dresser sans se faire dresser comme une bête,
Elle a le droit d’être à la tête et d’être en tête
Et d’être cheffe, sans couvre-chef, en cheveux,
Car « chef » vient du latin caput, capitis,
Qui est un substantif neutre et n’est pas l’apanage des hommes.
Elle a le droit de proclamer
Qu’ils ont monopolisé, en comportement inhumain,
Ce nom, « hommes », propriété de tous les humains…
Elle a le droit d’être la maire d’une capitale comme Paris,
D’une grande ville comme San Francisco…
Elle est une toute petite fille.
Elle est une femme de demain.
Sinon le monde sera sans lendemains
Qui vaillent la peine,
L’humanité sera sans humains
Qui se respectent,
La terre ne sera pas peuplée
D’hommes dignes de ce nom.
Non, ce n’est pas du féminisme à l’ancienne,
C’est une postmoderne antienne
Des sévices divers subis par la gent féminine
Per saecula saeculorum.
Tradition ou pas, religion ou non,
Face aux soi-disant féministes
Qui prêchent la servitude volontaire et la soumission,
Prônant la résignation à être confondues avec des paillassons
Ou des sacs poubelles,
Belle et rebelle,
Faisant fi de ce soi-disant féminisme fourvoyé,
De ces pseudo-libertés fondamentales dévoyées,
Qu’elle entre en féminitude comme on entre en résistance,
Forte des victoires comme celle de Marie Laguerre dans la guerre
Contre le harcèlement !
Longuet, des siècles et des siècles, de par le vaste monde,
Et jusqu’à aujourd’hui, « l’infini servage de la femme »,
Dixit Rimbaud.
Ça vaut bien quelques minutes de lecture d’une logorrhée
En fervente solidarité, un poème prolixe exprès,
Avec l’alchimie du verbe
Qui a le pouvoir de changer le politique en poétique,
Et de métamorphoser ces atrocités,
Créant du beau à partir du laid,
En oxymores de « belles horreurs », comme dirait Zola.
Car les femmes commencent à trouver le temps long.
"Le nouveau livre de la flamboyante écrivaine martiniquaise Suzanne Dracius vient de sortir. Intitulé ‘Scripta manent’ (« Les écrits restent », en latin), l’ouvrage est une ode énergétique à la vie et à l’espoir dans un monde martyrisé. « Scripta manent », « Les écrits restent ». Et ceux de Suzanne Dracius vont droit au cœur et à l’âme. "
(Philippe Triay - la1ere.francetvinfo.fr)
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* Nouvelle version, en interaction avec l’actualité.