FANTASMES DE FEMMES

dimanche 22 janvier 2012
popularité : 8%

Sur « FANTASMES DE FEMMES » :

– Qui est Susanne Rinne ?
— Une universitaire qui a enseigné aux USA, auteure de l’ouvrage Elles écrivent des Antilles, que j’ai connue peu après la sortie de mon premier roman, L’autre qui danse (1989), et qui est devenue une grande amie.

– "Alors vous porteriez ma marque :
Ce "vous", comme tous les "vous" du poème, est le « vous » du vouvoiement, pas le « vous » du pluriel, cette femme parle à un seul homme (elle est déjà assez coquine et polissonne comme ça, ne lui donnons pas en plus des partenaires multiples !) ; donc il faut la forme de politesse au singulier.

– "Ainsi n’aurez-vous rien à redire" : "avoir/trouver quelque chose à redire" signifie "critiquer".

– "coq" : en créole, le verbe " COQUER " signifie "faire l’amour". Il y a, dans mon écriture, un clin d’oeil, une allusion à cette connotation sexuelle. (En anglais, il faut absolument utiliser le mot "COCK" pour créer l’équivoque érotique en conservant le jeu de mots et le double sens évoquant le pénis d’un humain).

– "pipirit" (créole) ou « pipiri » : le « tyran gris » (nom scientifique : Tyrannus Dominicensis), oiseau de la famille des Tyrannidés dont le chant, très matinal, annonce l’aube. D’où l’expression « au pipirit » désignant une activité très matinale.

– "si d’aventure nous le faisions" :
« si d’aventure » est une locution adverbiale signifiant « si par hasard » ; "si d’aventure nous le faisions" est l’expression d’une éventualité, d’une possibilité très hasardeuse.

– "ne sera pas pour autant maudite" :
l’expression "pour autant" est synonyme de "malgré cela", "cependant", "néanmoins". On exprime l’opposition, la concession.

– "Mais quelle est cette pudeur dite
féminine
qui me retient aux abords ?"
 :
— la retenue qui empêche de faire ce qui peut blesser la décence, la pudeur
relative au corps (sense of modesty) et aussi la retenue relative aux sentiments.

– " en malcadi"
— "malcadi" (de mal-caduc) est un mot créole à peu près équivalent d’épilepsie, haut-mal, évanouissement, maladie qui donne des crises avec de violents spasmes, des tremblements, comme la jouissance, chez certaines femmes, peut être une brève crise de spasmes et secousses spectaculaires.

– "en malappris" : en vous comportant comme un mal élevé, impoli.

– malfini (créole) : mensfenil ou frégate, oiseau marin, oiseau de proie diurne, grand chasseur, redoutable rapace. (Il y a, bien sûr, en français, un jeu de mots avec l’idée de "mal fini", ou "ça va mal finir"…)

– extrêmes dans nos emportements :
c’est [NOUS QUI SOMMES] EXTRÊMES DANS NOS EMPORTEMENTS, nous [= le couple, l’homme et la femme] qui allons jusqu’au bout dans nos emportements, dans nos transports, dans nos rapports amoureux, tous deux « extrêmes » en tout, passionnés :
 :
1/ dans nos emportements
2/ autant que dans nos engouements.
L’adjectif “extrêmes” se rapporte à “nous” (= le couple, l’homme et la femme en plein rapport sexuel), et non au mot “emportements”.

– "Rue d’Enfer" : il s’agit du vrai nom d’une rue de St-Pierre, la ville détruite par le volcan la Montagne Pelée en 1902, où débute mon livre Rue Monte au ciel. La rue Monte au ciel est aussi une vraie rue de St-Pierre qui existe toujours, au pied du volcan. Avant la catastrophe de 1902, cette rue était bordée de maisons bourgeoises d’un côté, et de l’autre de bordels et de bars pour les bourgeois en goguette et les marins en bordée.

– "krik krak" et "Yé misticri" sont des formules créoles que l’on retrouve dans les contes dans toute la Caraïbe, en Martinique, Guadeloupe, Haïti (et à Trinidad sous la forme "krik krak monkey"). Le conteur dit : "Krik ! " L’auditoire répond : " Krak ! " Puis le conteur dit : "Yé mistikri !" L’auditoire répond : " Yé mistikra ! " Enfin le conteur demande : "Est-ce que la cour dort ? " Et l’auditoire de répondre : " Non, la cour ne dort pas ! " Allusion à l’oralité, fondement de la culture créole, retranscrite en littérature.
Yé mistikri ", orthographié " misticri ", fait écho à " mystique cri ", pour évoquer un cri de jouissance féminine un peu mystique, qui transporte la femme dans le domaine du conte, dans l’univers du fabuleux, du merveilleux, et même dans une extase quasi mystique. (Il y a syncrétisme, métissage culturel, car "Misticri" est aussi un personnage des contes français.)

– "Non, la cour ne va pas dormir" :
L’ambiguïté est voulue : c’est une allusion érotique aux personnes qui font l’amour, donc qui ne dorment pas… (En référence à cette fameuse formule rituelle du conte créole traditionnel où le conteur demande : "Est-ce que la cour dort ? " Et l’auditoire de répondre : " Non, la cour ne dort pas ! " .)

– "la Philo : francisation de "La Filo", titre d’une chanson composée par Jean-Paul Soïme qu’il interprétait avec le groupe Malavoi. C’est une allusion à cette même chanson que l’on retrouve dans "Trois fois trois points de suspension" ; le titre en créole "La Filo" écrit à la française : "la Philo" (abréviation de "philosophie") insiste sur le sens de philosophie féminine de l’amour évoquée dans ce poème.

– "et pis"(créolisme) : et puis (avec un jeu de mots intraduisible sur le sens de "pis"= "pire").