TERRES-SAINVILLE

dimanche 22 janvier 2012
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Sur « TERRES-SAINVILLE » :

Ce poème contient bon nombre d’allusions autobiographiques, historiques, sociologiques etc.

– Terres-Sainville  : ce quartier de Fort-de-France, autrefois appelé « Quartier des Misérables », était une zone marécageuse insalubre qui appartenait avant 1902 au marquis de Sainville. C’est Victor SÉVÈRE, maire de Fort-de-France entre 1900 et 1945 qui, après avoir entamé des procédures visant à exproprier cette portion de terre, entreprit vers 1920 de la faire assainir et aménager. Les travaux ont continué pendant les mandatures du maire Aimé CÉSAIRE depuis 1945. Progressivement les Terres-Sainville, de terre d’exode pour ceux des campagnes qui « descendaient en ville », devaient devenir le plus grand quartier ouvrier et artisanal, lieu de résidence populaire tout en accueillant de nombreux commerçants qui contribuent à en faire un quartier très vivant.
Dans ce poème, la ponctuation est supprimée pour évoquer le tracé des ruelles, dans la forme aussi, en des vers courts, en allant souvent à la ligne. Et même à la fin, il n’y a pas de point final, car la promenade aux Terres-Sainville continue à l’infini : pour moi elle est inachevée, puisque j’y suis née, et que, tant que je vivrai, j’y retournerai baguenauder. Je suis sûre que le lecteur ne risque pas de se perdre dans ce mini-dédale de minuscules rues pleines de vie.

– Amédée Knight (Martinique, 1852- 1916) : premier sénateur noir, de 1899 à 1916. Au n°3 de la rue Amédée Knight est située ma maison natale, dans le quartier des Terres-Sainville à Fort-de-France, une vraie maison natale, avec un jardin où j’adorais jouer dans la terre : mon premier contact avec la terre — dans tous les sens du terme : la planète, la vie, l’élément, l’humus — fut aux Terres-Sainville.
Amédée Knight, le premier sénateur « noir », descendant d’un Noir, né le 17 juillet 1852 à Saint-Pierre et mort le 17 avril 1916 à Fort-de-France, ingénieur de l’École Centrale de Paris, fut sénateur de la Martinique de 1899 à 1916.
Membre de la gauche démocratique, le sénateur Amédée Knight œuvra constamment pour les intérêts de la Martinique. En 1900, il s’engagea auprès des ouvriers de la commune du François où il joua le rôle de modérateur. Il ira jusqu’à écrire au ministre pour témoigner sur la situation des ouvriers agricoles. Il œuvra également aux intérêts de son île après l’éruption de la montagne Pelée en 1902, puis aux côtés de Victor Sévère lors des attaques des Blancs créoles entre 1906 et 1908.

– Depuis le début du poème, tous les verbes sont des INFINITIFS, exprimant le souhait, la volonté ("Brandir", "exalter", "faire" etc.) : ce sont les Terres-Sainville qui parlent, à la 1ère personne (= prosopopée = faire parler une chose, un animal…). On peut sous-entendre "je vais", "je voudrais", "il faut", le sens étant : " je vais brandir", "je voudrais exalter", "il faut faire", j’ai envie de materner" etc.

– ""Brandir le nom d’Amédée Knight
Le premier sénateur noir
En oriflamme"
 :
« En » a ici le sens de « En tant que ». « En oriflamme » signifie « en tant qu’oriflamme » ; ces vers signifient se servir du nom du premier sénateur noir comme d’un drapeau levé, le « brandir », le lever haut comme si c’était une bannière (sous-entendu « de Négritude assumée »).

– "materner" : se comporter avec une personne comme une mère avec son enfant, choyer, dorloter, câliner, cajoler. Jeu de mots avec l’expression " langue maternelle " : ici, c’est aussi le quartier qui est maternel, qui peut "materner" ses habitants " en langue française " ou en créole, le français étant leur langue maternelle, de même que le créole, en duo, pas en duel, idéalement…

– En langue française materner
Exhausser harmonies créoles
 :
Le complément d’objet de l’action de "materner" accomplie par le français est "les harmonies créoles" ; c’est l’idée de bercer comme une mère (la langue maternelle, le français) les harmonies créoles, c’est-à-dire de créer une mélodie mêlant doucement le français et le créole.

– En marinades
Pimentées d’hellènes latinades
 :
Les "harmonies créoles" sont comme la nourriture créole, aux origines multiples. C’est figuratif, cette "marinade", qui représente le métissage, une métaphore de la cuisine, où l’on mélange différents ingrédients en y ajoutant des épices, du piment pour relever le goût, pour éviter la fadeur ; "latinades" est un mot inventé, un jeu de mots pour signifier une sorte de "marinade" de langues : le français pimenté de créole, de latin, et d’allusions au grec ancien.

• "Natale faire offrande du fondòk :

– natale :
“natale” est un adjectif mis en apposition, apposé à Terres-Sainville sous-entendu. L’adjectif "natale" apposé se rapporte au sujet sous-entendu "les Terres-Sainville", sujet du verbe "faire offrande". (La signification est : "les Terres-Sainville natales offrent"…)
Il s’agit d’une prosopopée (figure stylistique faisant parler des objets, des animaux…) ; c’est le quartier des Terres-Sainville qui parle, dans tout ce poème : c’est cette terre des Terres-Sainville qui est "natale", lieu de naissance. (Ici les Terres-Sainville parlent au singulier, c’eût été trop lourd au pluriel.)

– "faire offrande" : le mot "offrande" contient une connotation religieuse : les Terres-Sainville, généreuses, font offrande (dans le sens religieux) aux gens qui naissent et vivent sur ces "terres". (Il y a inversion voulue des situations, puisque généralement ce sont les gens qui font offrande aux divinités, aux éléments…)

– le " fondòk " (créole) : le fin fond, les profondeurs, les arcanes. Natales, les Terres-Sainville offrent (sous-entendu à ceux qui y sont nés) toute la richesse du patrimoine, du terroir, des racines profondes (fondòk).

– fondal-natal : fondamental. Ce mot englobe tous les héritages culturels divers liés au lieu, le lieu de naissance, Terres-Sainville. Ce lieu de naissance ("natale") offre une identité, des racines ("fait offrande"). Les Terres-Sainville sont ici personnifiées : c’est un peu comme dans les contes de fées, la marraine fée qui fait un don à sa filleule.

– la "marmaille" (vieux mot français) : les enfants.

– Natale lui apprendre comment  :
"lui" = à la marmaille : montrer à la marmaille, aux enfants. Comme une mère, le quartier des Terres-Sainville enseigne aux gens qui sont nés dans ce quartier montre comment écrire le monde, leur apprend la manière de comprendre le monde, car c’est un petit quartier perdu dans une île minuscule, mais en elle il y a le monde en réduction — la Chine etc. (La signification est : "les Terres-Sainville natales enseignent, montrent, apprennent aux gens"…)

– "Pour un peu j’étais à Castries" :
Castries : capitale de Sainte-Lucie, petite île située au sud de la Martinique, fut fondée en 1650 par les Français. Les colons français possédaient des esclaves à la fois en Martinique et à Sainte-Lucie. Aujourd’hui anglophone, cette île a gardé un créole à base lexicale française, le même qu’en Martinique.
"Pour un peu j’étais à Castries" signifie “J’ai failli être un quartier de Castries, c’est si près ; si j’avais été à Castries”… L’imparfait, dans une telle construction, est à l’indicatif, mais il contient une idée de possibilité, d’éventualité, puis le conditionnel apparaît comme conséquence de cette condition : « Je lui aurais baillé de l’anglais”.

– "Je lui aurais baillé de l’anglais" signifie "je lui aurais parlé en anglais", puisque Ste-Lucie est aujourd’hui anglophone ; "baillé" signifie "donné" (du vieux verbe "bailler"). Ici, "lui " désigne encore "la marmaille", les enfants, comme dans "lui montrer" : le bain de langage aurait pu être en anglais, au lieu du français, si ce quartier avait été à St-Lucie, qui est anglophone. (Autrefois St-Lucie était française, comme la Martinique, on y parle toujours le même créole à base lexicale d’ancien français.)

– Foyalais(e) = habitant(e) de Fort-de-France, qui s’appelait "Fort-Royal" avant la Révolution.

– "J’ai failli être dominicaine" :
La Martinique est située entre ces deux îles, toutes proches, St-Lucie au sud et l’île de La Dominique au nord, anglophone elle aussi, mais où l’on parle également le créole dominiquais, un créole à base lexicale française, autre variété du créole antillais. Il y a ici jeu de mots implicite sur "dominiquaise" (= de la Dominique) et "dominicaine", de St-Domingue, de République dominicaine, hispanophone, située encore un peu plus au nord, dans les Grandes Antilles : on aurait pu parler non seulement anglais, mais espagnol aussi". Les Terres-Sainville symbolisent et reflètent la potentialité de diversité linguistique et culturelle de ce métissage caribéen. (Voir plus bas : "hispaniques".)

– J’ai failli être dominicaine
On peut me traiter de schizophrène
Nous sommes plusieurs :
Terres Sainville
 :
Depuis le début, ce quartier parle au singulier, jusqu’à "J’ai failli être dominicaine" : alors son identité caribéenne et multiple est affirmée ; les terres-Sainville réalisent qu’elles ont des personnalités multiples, d’où la boutade : "On peut me traiter de schizophrène/Nous sommes plusieurs :/ Terres Sainville". À partir de là, fort de cette constatation d’être multiple, d’être "plusieurs", d’être pluriel, ce quartier va parler au pluriel, en disant "nous".
Toute la structure du poème est bâtie sur ce schéma :
• 1°/ dans la 1ère strophe, verbes impersonnels (les infinitifs "brandir", "exalter" etc.) expression d’un souhait, d’une volonté, d’une intention ;
• 2°/ dans la 2è strophe, passage au "je" ;
• 3°/ à la fin, à partir de "Marécage nous étions naguère", passage au "nous" après la découverte, la révélation : " Nous sommes plusieurs ".
• 4°/ Puis retour final au "je", marquant l’unité de toutes ces couches successives de populations mêlées : "je gis".

– "peuplées de" = petites rues peuplées PAR (il y a d’abord une antonomase) : peuplées par des "maisonnettes créoles" ( = de style créole, voir "gingerbread") et habitées par des "populations créoles" métissées.

– En pain d’épices de dentelle de bois en frises et festons :
Le pain d’épices est un gâteau au miel aromatisé avec diverses épices. Le mot anglais "gingerbread" est le nom employé pour décrire ce style de maisons créoles, architecture que l’on retrouve en Martinique, dans toutes les Antilles et en Louisiane, avec décorations faisant comme de la dentelle de bois :

– voir maisons créoles - gingerbread

– Voir images de Gingerbread Houses

– "Que pour l’heure on réhabilite" :
"Que" a pour antécédent "maisonnettes" ; il se rapporte aux vieilles "maisonnettes créoles" en gingerbread que l’on "réhabilite", c’est-à-dire que l’on rénove, que l’on entretient pour qu’elles ne tombent pas en ruines, que l’on rend plus habitables, plus confortables, où l’on fait des travaux d’embellissement ; "pour l’heure" signifie "actuellement, de nos jours".

– Tandis que tout long cohabitent :

– tout long (créolisme) = sans arrêt, sans cesse, continuellement, toujours.

– Le verbe "cohabitent", qui signifie "habitent ensemble, logent tous dans le même quartier, s’y côtoient", a pour sujets toutes les "populations créoles" énumérées ci-après, 7 sujets coordonnés par "Et pis", dont le mélange et les forts contrastes constituent une Salsa du démon de la chair :
1/ Prêchi-prédicateurs
2/ Replètes filles de joie
3/ La békée-goyave
4/ Le déménageur
5/ La Haïtienne
6/ La harengère
7/ L’indestructible comptoir de Chin.

– Prêchi-prédicateurs en chaire = les prêtres. Prêchi = abréviation de « prêcheurs », comme dans « prêchi-prêcha », nom masculin signifiant familièrement "discours moralisateur".

– Et pis = et puis, et aussi. Ce “et pis” est un créolisme volontaire signifiant simplement “et puis” : jeu de mots entre le créole "épi" (= et, avec) et le français "et puis"/ "et pis" (signifiant "et pire").

– Replètes filles de joie hispaniques = les prostituées hispaniques : filles de joie : euphémisme pour prostituée, putain, péripatéticienne.

– "hispaniques" : il y a aux Terres-Sainville un réseau de prostituées originaires de République Dominicaine — très sympathiques, ma foi — qui habitent et "travaillent" dans ce quartier, si bien qu’il a été fermé à la circulation automobile la nuit par les autorités…

– Béké : blanc créole martiniquais, descendant des colons français arrivés dans l’île à partir du XVII è siècle. Béké-goyave : blanc créole pauvre.

– Qui un soir sortit son fusil pour ouvrir la chasse aux maquereaux : commencer à chasser les maquereaux, leur faire peur avec son fusil. (Il y a un jeu de mots entre "maquereaux", poissons, que l’on pêche, et "chasse". Quasiment intraduisible, hélas !)

– maquereaux :
“maquereau” signifie familièrement proxénète, souteneur (de prostituées).

– « bonne à tout faire » est une expression qui signifie « femme de ménage, servante » ; ici, jeu de mots avec les variantes érotiques possibles sur “bonne à tout faire” signifiant “domestique”, et une femme “bonne” au sens sexuel, qui fait tout dans les choses sexuelles.

– " La harengère qui végète"
En sa poissonnerie qui surnage" :
la harengère = marchande de poisson. Métaphore marine filée du champ lexical de la mer, depuis "maquereaux"/ "harengère"/ "poissonnerie" / "surnage"/ "radeau" : l’idée que sa poissonnerie risque de faire naufrage, concurrencée, submergée par les gigantesques hypermarchés.

– l’hyper : abréviation d’hypermarché, très grand supermarché.

– tératologique :
« Tératologique », du grec τερατο− (tératos), « monstre », signifie « monstrueux ». L’idée est que la poissonnière, dans son petit commerce, a du mal à survivre ; elle "surnage" face à la concurrence de l’hypermarché géant, démesuré, monstrueux ("L’hyper tératologique"). Après le naufrage (la diminution de sa clientèle), elle s’y accroche comme à un "radeau".

– L’indestructible comptoir de Chin : un comptoir avec la caisse dans une boutique, une épicerie.

– Chin (ou "lachin") = chinois, en créole ; surnom donné aux Chinois en Martinique.

– AtTERRirent : (passé simple) avec jeu sur "TERRE".

– "En bas feuilles" : francisation de l’expression créole “anba-fey” qui signifie “sournois”. L’idée est que les mulâtres se cachent, au début, quand ils viennent habiter, au lieu d’un quartier chic, ce quartier populaire et pas cher, loin des beaux quartiers, en toute discrétion, sans faire grand bruit, presque clandestinement.

– "du sieur Sainville" : on ne lui donne surtout pas son titre de marquis, car il y a ironie, mépris dans « sieur » (terme révolutionnaire, républicain, pour se moquer des nobles, des aristocrates, en leur enlevant leur particule nobiliaire, surtout s’agissant d’un riche propriétaire).

– Pierrotins : habitants de Saint-Pierre, ville de Martinique détruite le 8 mai 1902 par l’éruption du volcan la Montagne Pelée.

– "Aux sans-logis pierrotins catastrophés" :
"Havre de grâce effervescente" :
Ce “Aux” (= à les) indique la destination (destiné à) : la construction grammaticale est “Havre de grâce pour les sans-logis pierrotins”, c’est-à-dire “refuge, asile pour les sinistrés de St-Pierre après la catastrophe” (paisible mais "effervescent” car c’est un quartier animé, populeux).

– " Zorey " : mot créole désignant un Français blanc originaire de l’Hexagone et non martiniquais.

– " C’est moins pénible au soleil " = la misère est moins dure à supporter, moins douloureuse quand il fait beau et chaud que dans le froid de l’hiver en France, d’où vient le “chômeur zorey”.

– " Les natives-natales " : celles qui sont nées en Martinique. (C’est un créolisme, cette juxtaposition créant une insistance, une redondance.)

–  "Han han" (créole) : non ! non !

– Nulle flambée de colère
Ni nulle ardeur délétère
 :
le quartier des Terres-Sainville incite les habitants à se sentir bien, à s’y épanouir paisiblement, dans ce coin tranquille, contrairement aux banlieues parisiennes, situées au-delà du boulevard "périphérique", où il y a eu de violentes "flambées de colère" (voitures incendiées etc.).

– Ça bout de ferveurs tropicales :
Ça est une métonymie (ou une synecdoque) dont le référent est l’action conjuguée de l’ensemble des habitants du quartier, l’atmosphère générale qui y règne, comme quand on dit "ça chauffe", pour signifier qu’il y a de l’ambiance, une chaude ambiance, animée mais pas destructrice, pleine de vie, pas porteuse de mort, et, tout compte fait, bon enfant, malgré la présence de ce petit monde interlope précédemment décrit (les "filles de joie" et Cie). Ça chauffe, mais dans le bon sens, mais dans le sens violent de "ça chauffe" signifiant qu’il y a de la bagarre ou du danger.
Ce poème est un hymne de réhabilitation des Terres Sainville, afin que mes TS natales ne soient pas un quartier mal famé, un éloge des Terres Sainville totalement autobiographique, de ma naissance aux Terres Sainville jusqu’à mon âge de femme, puisque, quand j’ai divorcé, j’ai quitté le domicile conjugal pour retourner vivre chez mes parents, aux Terres Sainville, où je peux témoigner que les "filles de joie" sont joyeuses, sympathiques, amènes, voire protectrices : elles surveillaient ma voiture, et allaient même jusqu’à me protéger du harcèlement de mon futur ex-mari, furieux que je l’aie quitté : elles l’envoyaient promener dans leur langue, et, comme il était professeur d’espagnol, s’engageaient entre cet importun et les "hispaniques" d’interminables palabres dont il sortait la queue basse.
Ainsi les Terres Sainville ont vu non seulement ma naissance, mais ma renaissance en tant que femme.

– "Conjurant toute déréliction" :
"conjurer" est ici dans le sens de "écarter en priant ou en appelant des puissances surnaturelles, détourner", comme quand on dit "conjurer le mauvais sort", pour s’en préserver.
Les Terres Sainville, "Conjurant toute déréliction" avec ce qu’elles ont de "saint", ont le pouvoir quasi-magique, quasi-divin, de débarrasser les habitants de ce sentiment de total abandon, physique et mental.

– "tripartite"= en trois parties : le nom "Terres-Sainville" comporte trois parties, "terres", "saint"(sacré) et "ville", ce qui convient bien à ce quartier populaire à la fois urbain ("ville"), un peu mystique et religieux ("saint") et plein de jardins ("terres"), le seul du centre-ville à avoir, par exemple, de grands arbres à pain.

– "D’hystérie sacrée, souveraine" :
C’est l’hystérie des Terres Sainville, et donc de ses habitants. "D’hystérie" est le 2è complément du verbe "Ça bout" : ça bout, primo "de ferveurs tropicales", secundo "D’hystérie sacrée, souveraine", expression qui crée un oxymore, puisque "hystérie" est pris dans un sens non péjoratif, non dépréciatif. C’est débordant de vie, animé, voire agité, mais avec une certaine religiosité, dans toute cette turbulence.

– " Terrienne " est un adjectif se rapportant à Terres Sainville, pour décortiquer les trois parties de son nom "tripartite", car elle est :
1/ terrienne ("Terres")
2/ sainte (Sain[t])
3/ urbaine ("ville).
D’ordinaire une caractéristique "terrienne" est opposée à "urbaine", mais ici non, les deux sont unies au sein des Terres Sainville, et sanctifiées de surcroît ("sain[t]").
À noter que "Terres Sainville" est androgyne, mi-femme mi-phallique, singulier et pluriel, singulière et plurielle.

– "Résolument excentrique" :
Le quartier des Terres Sainville est "excentrique". L’adjectif "excentrique" est à prendre dans les deux sens : au sens propre, puisque les TS sont en dehors du Centre-ville, excentrées, et au sens figuré, peuplées de personnes originales pouvant se livrer à des excentricités.

– "portant beau" veut dire "ayant un bon port, une belle allure, ayant fière allure, une fière stature, élégant, distingué". Jeu de mots sur deux sens du verbe "porter" avec "Portant
Terres
Saint
Ville
En mon nom" : "porter (un nom)" = "avoir (un nom), être désigné par (un nom)".