Article sur la conférence de Suzanne Dracius au Salon Livre Paris

samedi 25 mars / France-Antilles
jeudi 13 avril 2017
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– Article sur la conférence de Suzanne Dracius au Salon Livre Paris samedi 25 mars 2017 / France-Antilles :

"La plupart des gens ne connaissent de Guy Tirolien que La Prière d’un petit enfant nègre, mais peu savent que ce poème est un texte à clés. L’écrivaine martiniquaise Suzanne Dracius, qui lui consacrait, dimanche [sic], une conférence avec Georges Brédent et le slameur Jean-Yves Bertogal, a ainsi expliqué que quand l’auteur marie-galantais écrit : « Je ne veux plus aller à leur école » , nous sommes sous l’Occupation et il est alors prisonnier en Allemagne. « Contrairement à Senghor avec qui il était prisonnier, Guy Tirolien a refusé d’apprendre l’allemand. Ça veut donc dire l’école des nazis, des fascistes, des obscurantistes et des tyrans ! Il ne s’agit pas de l’école des Blancs. » Suzanne Dracius, directrice de collection chez Idem, publie un ouvrage à deux voix, celui de Guy Tirolien et de Michel Tétu : Guy Tirolien, de Marie-Galante à une poétique afro-antillaise.
Dans cet entretien, Guy Tirolien évoque ses souvenirs et notamment le bal de la rue Blomet, qu’il appelle d’abord « Bal Nègre » , puis très vite « Bal Blomet » . « La récente polémique qu’il y a eue autour de la réouverture de ce cabaret parisien a empêché qu’on le baptise Bal Nègre. Et pourtant, Guy Tirolien explique que nègre is beautifull » , poursuit Mme Dracius. Ainsi Tirolien raconte comment les Africains qui venaient au Bal Blomet finissaient par parler créole. « Il y avait une fusion qui s’opérait, forcément plus productive que toutes les négations. » C’est tellement vrai que c’est le pavillon des Lettres d’Afrique qui a mis à l’honneur le poète marie-galantais et que la conférence organisée au pavillon du ministère des Outre-mer est apparue comme un rattrapage in extremis de ce qui semblait être bel et bien un oubli... Dimanche [sic], le public de la conférence a pu découvrir ou redécouvrir de grandes oeuvres comme le poème Satchmo qui rend hommage au jazz. « Tirolien a d’abord utilisé des alexandrins avant de les casser, poursuit Suzanne Dracius, de les rallonger... Il recherchait un rythme, une musique, un jazz qui cassait déjà les standards musicaux... » Guy Tirolien, qui a été administrateur colonial en Afrique, a ouvert aux gens ce continent, mais au-delà, celui des Afro-Américains. C’est sans doute cet aspect-là qui différencie profondément Guy Tirolien d’un autre administrateur colonial, René Maran, prix Goncourt 1921.
« Guy Tirolien est le lien entre l’Afrique et toutes ses diasporas », conclut Mme Dracius. Le premier à l’avoir compris n’est autre que Léon Gontran Damas, qui l’a fait publier. »"